A partir du 7^ème s, grâce à l'expansion rapide de l'Islam et à la relative stabilité de ses institutions, le monde musulman a développé très tôt une culture riche et raffinée où la musique et la poésie ont joué un rôle majeur.
Dès le 8^ème s. le luth s'impose comme l'instrument emblématique du nouveau courant de pensée qui rayonnera, à partir de Médine, depuis les rives sud de la Méditerranée jusqu'aux confins de l'Asie.Mais avant le 12^ème s, l'occident, trop préoccupé par les crises politiques, les invasions et les difficultés économiques n'accordera aucun intérêt aux richesses culturelles préservées et véhiculées par une civilisation rivale certes, mais également très imprégnée d'un héritage commun : les valeurs de l'Antiquité gréco-romaine.
Au delà de premiers contacts, rarement amicaux, provoqués par les premières croisades, c'est en al-Andalus -Espagne du sud- que se sont produits de véritables et fructueux échanges entre musulmans, juifs et chrétiens. Du point de vue des instruments de musique, c'est à partir du 13^ème s. seulement que s'amorce une interpénétration qui va progressivement bouleverser les goûts et les techniques en Occident.

rabab andalou et luth
Au 13^ème s, l'archet se hisse au rang des pratiques musicales savantes parmi les musulmans d'al-Andalus. désormais il accompagne le luth dans les palais.

Miniature extraite des Cantigas de Santa Maria, Séville, c. 1270.

l'archet
On devait déjà aux musulmans l'introduction de l'archet en Espagne au 9^ème s. Pratiqué par les populations d'Asie centrale, l'archet avait été adopté -non pas parmi les hautes couches de la société musulmane, où le luth régnait en maître absolu- mais par les bergers nomades qui accompagnaient l'expansion de l'Islam. C'est grâce à eux que l'archet a transité d'Est en Ouest par le sud du bassin Méditerranéen. L'on sait l'immense impact qu'aura cette invention sur les musiciens chrétiens, fascinés, par la polyphonie et la durée des sons. Durant les quatre siècles qui suivront, la pratique des instruments à cordes ne pourra s'y conjuguer sans cet indispensable complément. Désormais les instruments à cordes sont capables d'imiter parfaitement le chant des hommes et mieux encore, de l'enrichir d'une multitude de consonances.

le luth et la guiterne
Depuis le 6^ème s, le luth était taillé dans une masse de bois. Mais, au 13^ème s, l'augmentation de sa taille va amener les facteurs (andalous ?) à mettre au point une nouvelle technique où la caisse de résonance est constituée de 9 à 13 planchettes assemblées par collage. Le manche conçu séparément y est ensuite encastré. Ce luth sera lentement adopté par les chrétiens pour s'imposer au 15^ème s. comme un des instruments clés de la polyphonie.
Le luth ancien, plus petit et toujours taillé dans une masse de bois, sera également adopté sous le nom de guiterne.

Guiterne peinte sur le plafond de la Cathédrale du Mans, 1370-1385.

les apports techniques
Si les musulmans nous ont autrefois transmis des instruments tels le luth, la guiterne, le rabab, les trompettes -ahafil-, les percussions, leurs apports se mesurent encore aujourd'hui sur nos instruments contemporains.
Ainsi, le système de chevillier (tête) des violes et des violons, le chevalet collé de la guitare ou ses barrettes (frettes).

Le rabab primitif des bergers
Depuis les rives de la Mer dAral (Asie Centrale) où il apparut au 9^ème s, l'archet a transité jusqu'au sud de lEspagne grâce aux nomades musulmans qui l'avaient adopté.

le psaltérion
Une idée largement répandue voudrait que les occidentaux aient emprunté leurs psaltérions au qanun des arabes mais les évidences documentaires montrent que le phénomène d'emprunt s'est produit dans l'autre sens. Créés dans le nord de la France au milieu du 12^ème s, les psaltérions pénètrent l'univers musulman en Andalousie au 13^ème s. Sa taille comme le nombre de ses cordes, jusqu'à 64, y seront augmentés à travers des formes variées mais ils resteront peu prisés dans le reste du monde arabe. Il faut attendre l'arrivée de nouvelles pratiques musicales au 19^ème s. en Égypte pour assister à la généralisation de l'usage du qanun dans le monde arabe.

> comment étaient construits les instruments
> la rote
> l'organistrum
> la gigue
> la vièle
> la harpe
-> l'apport du monde musulman
> de la gigue au rebec