Tandis que les bénédictins s'évertuent à maîtriser la technologie complexe de l'organistrum, les cisterciens, dans leur souci de dépouillement, vont le débarrasser de tous ses attributs mécaniques jugés superflus: manivelle, axe, roue et clavier. L'instrument ainsi créé va se retrouver à Citeaux en 1109 sous la simple forme d'une grande vièle d'archet qui gardera les trois cordes de l'organistrum ainsi que le contour caractéristique de sa caisse de résonance : la forme d'un « 8 ».
Étant donné sa grande taille, cette vièle ne sera pas tenue da braccio comme ses congénères à cinq cordes de la musique profane, mais da gamba, c'est à dire maintenue entre les genoux du musicien assis. L'archet était plutôt long.
A l'opposé de la petite vièle -dont les différentes notes sont produites par raccourcissement de la longueur vibrante des cordes en les appuyant fermement de la main gauche sur la touche, comme pour le violon-, la gigue gardera la technique primitive d'origine orientale adoptée pour le clavier de l'organistrum. C'est par un simple contact latéral avec la corde que l'on en raccourcit la longueur vibrante.La touche est alors inutile et cet instrument en est par conséquent dépourvu.
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La technique de jeu orientale exclut l'usage de la touche pour les instruments à archet. Les doigts de la main gauche agissent sur les cordes directement par "crochetage".
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